crédit photo : Romaric Cazaux
C'était une rue tranquille. Un soleil timide perçait au travers des arbres en fleurs, projetant leur ombre dentelée sur le sol. Tout était calme, serein. Un homme était assis sur le perron d’un teinturier. Dans la vitrine, une robe à crinoline renforçait l’impression d’un temps suspendu. L’homme sortit une cigarette. C’était sa dernière.
Il repensait au jour où il avait quitté son village natal d’Estévenens, sa petite amie de toujours, l'entreprise de son père dont il allait hériter... Il était parti avec un seul sac et sa guitare. Au début, la ville de Londres l'oppressait, il se sentait seul, déraciné et écrivait des lettres sans fin à sa fiancée... Jusqu'à ce qu'il commence à apprécier l'agitation de cette ville, à savourer l'anonymat et la tranquillité qu'elle lui procurait. Il s'était créé de petits rituels : le café du matin dans un coffee shop, toujours le même, la serveuse avec laquelle il avait fini par sympathiser et qui lui offrait parfois un muffin. Le pub où il aimait s'installer pour observer les gens, écrire et déguster un fish and chips graisseux. Les promenades dans les parcs par tous les temps, y compris pluvieux, surtout pluvieux. Londres avait un charme incomparable sous la pluie, les pelouses sans fin devenaient alors presque fluorescentes. Il contempla les maisons cossues de Notting Hill et sourit. Le souffle léger du vent était comme une caresse. Il écrasa son mégot. Il était temps de rentrer chez lui.
Atelier d'écriture proposé par Leiloona