crédit photo : Romaric Cazaux
Parfois, il avait l'impression qu'elle laissait les rideaux ouverts exprès, pour lui. Lorsqu'il avait commencé à observer ses voisins à la manière du héros dans "Fenêtre sur Cour", il s'attendait presque à vivre une aventure palpitante... Bon, peut-être pas être témoin d'un meurtre mais au moins d'un événement marquant, n'importe lequel. Le spectacle de ces scènes quotidiennes dénuées d'intérêt l'avait pourtant captivé au point où il était impatient de rentrer chez lui pour retrouver ces personnages mi-réels mi-fruit de son imagination. Il avait bien assisté à quelques débuts d'ébats amoureux avant que les protagonistes ne se décident à tirer le rideau. Des disputes conjugales. Des scènes de famille qui lui rappelaient son enfance et lui donnaient l'impression que le temps s'était arrêté. Et surtout, la solitude. Hommes, femmes, jeunes, vieux, elle était prégnante. Peu à peu, il s'était attaché à cette femme. Elle s'asseyait toujours aux mêmes heures sur sa chaise en bois, devant un portrait la représentant avec une jeune femme, sa fille ? Elle se servait un verre de lait, ôtait ses lunettes et... elle ne faisait rien. Absolument rien. C'était ce rien qui le fascinait. Et occupé à le contempler, il avait l'impression de vivre des moments particulièrement intenses, de s'approcher un peu du mystère de l'existence.
Atelier d'écriture proposé par Leiloona