crédit photo : Romaric Cazaux
Il roule un peu trop vite, en fumant, accoudé à la fenêtre ouverte. Il se sent plus vivant ainsi, avec le vent qui lui souffle dans le visage. Le soleil commence à décliner dans un jeu de cache-cache avec les nuages qui suivent leur course effrénée. Mais la beauté de cet instant ne fait que renforcer son vide. Il jette un coup d'oeil aux nuages, se rappelle les heures passées à leur inventer des formes. Il se sent désormais incapable d'y voir autre chose que des nuages. Enfant, il avait un papier peint qu'il adorait, bleu, avec de petits nuages blancs. Il était persuadé qu'en vrai ils avaient une substance comme du coton ou de la barbe à papa, en plus consistant. Il pensait qu'on pouvait y vivre - ou y aller quand on était mort. "Le village dans les nuages" n'avait pas dû arranger les choses... Et puis, il avait pris l'avion pour la première fois, traversé ce brouillard décevant et perdu son illusion. Une de plus.
Il se dit qu'il aimerait s'allonger dans l'herbe avec son fils et contempler les nuages avec lui, rire ensemble de leurs trouvailles. Mais il sait que son fils en bon préado le rembarrerait sûrement et, de toute façon, il vient de le raccompagner chez son ex femme. Conformément à la décision du juge, il ne le reverra pas avant deux mois. Les prochaines vacances. D'ici là, il va fumer, boire du café, regarder la télé... Attendre.
Atelier d'écriture proposé par Leiloona