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11 avril 2014 5 11 /04 /avril /2014 14:30

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C'est drôle les rencontres avec les livres... parfois inattendu, parfois raté, parfois une évidence. "Vices cachés" m'a sauté aux yeux alors qu'il trônait sur l'étalage d'un bouquiniste derrière son plastique poussiéreux. De Renate Dorrestein, j'avais lu "Un coeur de pierre" qui m'avait marquée. Elle y traitait avec beaucoup de justesse et sans tomber dans le sensationnalisme d'un sujet délicat, celui de la psychose post-partum.

 

Dans "Vices cachés", une nouvelle fois, le sujet traité est loin d'être léger mais la force de l'écriture de Renate Dorrenstein est de nous embarquer complètement, dès les premières lignes. On se retrouve ainsi dans le jardin d'une banlieue pavillonnaire modeste au milieu d'une famille recomposée qui se prépare à partir camper en Ecosse. Puis on débarque sur  l'île écossaise de Mull où l'on entend le cri des mouettes, on sent l'odeur de la mer et l'humidité, on voit les nuages qui filent et la mer qui change... On a peur, on se laisse aller à la nostalgie... et à l'espoir malgré tout.

 

Renate Dorrestein nous raconte l'histoire de deux gamins en fuite qui trouvent refuge chez Agnès, une institutrice à la retraite qui passe pour la première fois des vacances seule dans sa maison familiale de l'île de Mull. On sent l'attachement d'Agnès à cet endroit, et surtout à ses souvenirs précieux, heureux ou douloureux. On sent le besoin de ces enfants d'être des enfants normaux jouant, insouciants, alors qu'ils fuient l'innommable. On sent l'apparence de normalité qu'ils aimeraient recréer. Et on sait qu'une happy end ne sera pas possible, même si l'auteur nous en offre une illusoire.

 

"Après quelques instants, elle se mit à courir comme une folle derrière lui. Elle trébucha et atterrit sur ses genoux abîmés dans les coquillages en miettes. Sa chute la fit un peu reprendre ses esprits, elle cligna des yeux en secouant la tête, éberluée. Elle frotta ses bras nus, scrutant autour d'elle, à la recherche d'un repère familier, bien connu. Les rochers couverts de patelles. Les rubans d'algues visqueuses sur le sable blanc. Les cris indignés d'une mouette. La plage qui s'étire, abandonnée, sous le ciel gris et bas. C'était un jour indécis, ni ensoleillé, ni pluvieux, un de ces jours qui pourraient partir dans n'importe quelle direction mais qui ne se décident pas. Une atmosphère d'avant l'orage, une ambiance de sursis, de trêve. Et soudain, ce fut comme si elle pouvait voir loin dans le futur ; telle serait sa vie si elle ne se reprenait pas en main : un hiatus, une attente jamais comblée. Elle serra les poings."

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