crédit photo : Romaric Cazaux
Je reste paralysée. Comme dans ces rêves dont on se réveille en sueur, incertain d'avoir bien rejoint la réalité. L'écho de ses pas qui s'éloignent résonne dans le hall en marbre. Le ronronnement de la minuterie cesse et la lumière s'éteint. La lourde porte se referme derrière lui. Et je reste plantée là. Sonnée.
Que faire quand l'homme avec lequel vous partagiez votre vie depuis dix années vous quitte ? Je ne suis plus qu'une bête blessée, qui supplie qu'on l'achève au lieu de lui infliger cette souffrance qui consume lentement, inexorablement. Oh, bien sûr, on cherche à se raccrocher... à ses amis, à la vie. Mais comment faire quand on se sent amputé d'une partie de soi-même ? Qu'on bascule dans un cauchemar incompréhensible ? Qu'on se cogne sans cesse à des murs gris et froids ?
Aujourd'hui, Jeanne parcourt le hall frais de son vieil immeuble. La plaie béante a mis du temps à se refermer. Souvent, alors qu'elle croyait être guérie, il suffisait d'un rien - un geste, une impression - pour la raviver. Presque aussi intense que ce jour-là, dans la pénombre du hall. Mais aujourd'hui, elle se sent neuve et forte. Au bout du couloir sombre l'attend la lumière douce du soleil d'automne.
Atelier d'écriture proposé par Leiloona