crédit photo : Romaric Cazaux
De loin, l'homme dégage une impression de solitude infinie. Son corps maigre anguleux, sa barbe un peu jaunie, il semble à l'article de la mort. Pourtant, plus je m'en approche et plus je sens une force qui se dégage de son corps voûté. Les arbres ploient vers lui dans une communion intense et silencieuse.
Je m'arrête à quelques pas. Le vent se lève et des nuages noirs s'amoncèlent. Une averse se prépare. L'homme reste immobile. Malgré sa chemisette d'été, il ne frissonne pas. Il tourne la tête vers moi et me sourit. Ma présence n'a pas l'air de le surprendre. Je m'assois à côté de lui. Nous ne nous regardons pas. Les premières gouttes s'écrasent, dégageant une odeur de feuilles mouillées. Bien vite, elles se multiplient et ruissellent sur mon front, mes tempes, larmes sans chagrin.
Le tumulte incessant qui grondait en moi se calme. Je réalise que mes questions resteront sans autre réponse que le souffle du vent. Mais au fond, cela n'a pas d'importance. Car cet homme sage et usé, c'est moi.
Atelier d'écriture proposé par Leiloona