crédit photo : Romaric Cazaux
Dans un geste délicat, mon père me tend une cerise fraîchement cueillie, offrande précieuse. Nos doigts se frôlent et je vois dans ses yeux le reflet de la petite fille que j'étais.
Martin piaille à l'arrière de la voiture sans discontinuer. L'excitation, la fatigue... ça devrait finir par un caprice, des larmes et puis, peut-être, l'apaisement. Il doit sentir ma nervosité aussi. Nous sommes sur la route de la maison de son grand-père. Des questions sur son Papi, il m'en a posées... J'ai toujours esquivé jusqu'à ce que je me dise que j'étais adulte, responsable et qu'il avait le droit de rencontrer son grand-père, même si je ne le connaissais pas vraiment moi-même. Il a fallu du temps pour que je m'autorise à le contacter. Ma mère n'est plus parmi nous mais je sens son regard réprobateur sur cette route que j'emprunte. Nous sommes presque arrivés et je m'interroge : comment appeler un père que je n'ai pas vu depuis plus de vingt ans ?
Les pneus raclent le gravier. Malgré mon agitation, j'apprécie la tiédeur de cette belle soirée d'été. Il descend les marches du perron, d'un pas un peu lourd, souriant. Ce sourire, je l'ai toujours conservé au fond de mon coeur. Les larmes me serrent la gorge. "Papa, voici Martin. Martin, dis bonjour à ton Papi."
Atelier d'écriture proposé par Leiloona