J'avais découvert Bastien Vivès avec "L'amour", une BD humoristique, mais je n'avais vraiment pas accroché à son humour cru et cynique. Mais depuis, j'ai lu "Le goût du chlore", "Amitié étroite" et "Polina" et je préfère clairement cet auteur dans ce registre plus profond. En peu de mots, Bastien Vivès sonde la psychologie, les aspirations profondes de ses personnages et on vibre en vivant leurs histoires.
"Polina" retrace le parcours d'une jeune danseuse : ses débuts, ses hauts et ses bas, son premier amour et sa relation avec le professeur qui l'a formée.
Le trait de l'auteur, esquissé, un peu flou, peut déconcerter mais il colle à l'histoire, aux personnages qui se cherchent. Et ce flou lui permet également de varier l'air de rien la physionomie d'un personnage, le faisant apparaître de différentes façons en fonction du regard qui le contemple...
Les réflexions qui émaillent le récit peuvent, je pense, parler à chacun d'entre nous même si elles se réfèrent à la danse :
"Un artiste est en permanence insatisfait car il recherche une certaine perfection. Mais ce n'est qu'à la fin de sa vie qu'il pourra se rendre compte de la valeur réelle de ce qu'il aura réalisé."
"Les gens se trouvent toujours de bonnes raisons avant d'agir. Sachez qu'il n'y a pas de bonnes ou mauvaises raisons, et que les gens qui se justifient ont déjà perdu."
"Les gens ne voient pas ce qu'on ne leur montre pas."
"Il ne sert à rien d'aller le plus haut possible, si on ne prend pas le temps de contempler."
Et j'ai été touchée par la façon dont Bastien Vivès parvient à retranscrire la complexité de la relation maître-élève où, malgré les apparences, un échange se crée, un lien fort et précieux.