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12 septembre 2012 3 12 /09 /septembre /2012 14:39

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"Mes alliances Histoires d'amour et de mariages" d'Elizabeth Gilbert est en quelque sorte une suite à son best-seller "Mange, prie, aime" (que je n'ai toujours pas lu d'ailleurs...). Elizabeth Gilbert, refroidie par l'échec de son premier mariage, décide d'enquêter sur le sujet avant de se lancer pour la seconde fois. Il s'agit d'une réflexion sur l'institution du mariage avec des données historiques et statistiques à l'appui. C'est intéressant, parfois drôle mais dans l'ensemble plutôt pessimiste pour le couple.  

 

L'auteure / héroïne commence sa quête sur le mariage chez les Hmong au Vietnam ce qui est l'occasion d'une incompréhension culturelle réciproque vu que pour ce peuple le mariage est arrangé et la question de savoir s'il est heureux ou non ne se pose pas. Là où l'auteure veut en venir c'est qu'un mariage pragmatique peut se révéler tout à fait heureux. Dénué de romantisme peut-être mais empli d'une affection et d'un attachement véritables. L'idée c'est un peu qu'il n'y a pas qu'une seule personne capable de nous rendre heureux sur cette terre (contrairement au fameux mythe du Banquet) et que le mariage implique un choix certes mais surtout un engagement et un véritable travail... Ca ne fait pas forcément rêver mais je trouve l'idée assez juste.

En fait, nous avons certainement tendance à trop attendre d'une relation amoureuse...

 

Ce livre est beaucoup trop riche pour que je le résume intégralement, je me contenterai de quelques données qui m'ont interpelée ou amusée.

Elizabeth Gilbert met en évidence que le mariage à l'origine n'était pas bien vu par le christianisme qui prêchait le célibat... ce qui l'a aidée à se déculpabiliser suite à son divorce.

Les premiers mariages n'avaient rien de romantique et ce n'est qu'au XIXème siècle que les grands mariages en blanc ont vu le jour, mode lancée par la jeune reine Victoria.

Aux yeux de la loi, le mariage est actuellement toujours considéré comme une "petite société" qui donne des fruits (des enfants, des biens) qu'il faut gérer et tout particulièrement en cas de divorce.

Le divorce demeura illégal en Europe jusqu'au XVIème siècle avec le fameux roi Henri VIII...

 

Passons maintenant à des données beaucoup plus inquiétantes...

Les universitaires évolutionnistes défendent la théorie des "Dads or Cads" selon laquelle il existerait deux sortes d'hommes : ceux qui sont faits pour engendrer des enfants et ceux qui sont faits pour en élever. L'infidélité résulterait tout bonnement d'un déficit dans le gène récepteur de vasopressine...

Une petite blague universitaire évolutionniste pour se détendre un peu après ce constat alarmant : la seule partie de l'anatomie d'un homme que toute partenaire devrait se soucier de mesurer, c'est la longueur de son gène récepteur de vasopressine !

Ce qui nous amène à l'infidélité... Elizabeth Gilbert a étudié le travail de la psychologue Shirley P. Glass qui explique que pour être à l'abri de l'infidélité dans une relation, il faut que "les portes et fenêtres soient à la bonne place". Elle entend par là que l'intimité du couple doit restée bien protégée et que dès lors que nous commençons à partager des détails intimes avec quelqu'un d'autre, l'infidélité commence à être envisageable. A partir du moment où nous ne partageons plus grand chose avec notre conjoint, deux solutions s'offrent à nous : en parler pour essayer de changer les choses ou bien se séparer.

 

Petite pause naturaliste : William Jordan a écrit un ouvrage fascinant, "Le Divorce chez les mouettes", dans lequel il explique que même chez les mouettes (une espèce réputée s'accoupler pour la vie) il existe un "taux de divorce" de 25%. A méditer !

D'après une étude réalisée en Amérique pendant vingt ans par l'université de Rutgers, les chercheurs ont découvert des tendances dans la prédisposition au divorce mais comme le note Elizabeth Gilbert, si l'on combine tous ces facteurs, on aboutit à un duo digne de Frankenstein !

Le taux de divorce en Amérique est quand même de 50%... Allez, rions encore un peu grâce à l'anthropologue Lionel Tiger :

"Il est surprenant que, au vu d'un tel chiffre, le mariage demeure encore permis par la loi. Si près de n'importe quoi d'autre résultait en un désastre similaire, il y a tout à parier que le gouvernement l'interdirait immédiatement. Si la moitié des tacos servis dans le restaurants provoquaient des dysenteries, si la moitié des gens qui apprennent le karaté se brisait les mains, si ne serait-ce que 6% des amateurs de montagnes russes s'abîmaient l'oreille interne, l'opinion réclamerait des mesures. Et pourtant le plus intime des désastres... continue de se produire encore et encore."

 

Toujours d'après les statistiques, les hommes mariés vivent plus longtemps que les célibataires, ils sont plus riches, font une meilleure carrière, risquent moins une mort violente, ils sont plus heureux et souffrent moins d'alcoolisme, d'addiction aux drogues ou de dépression. Vive le mariage alors me direz-vous...  Sauf que les femmes mariées vivent moins longtemps que les célibataires, sont moins riches, réussissent moins bien professionnellement, ont une santé plus fragile, courent plus de risques de souffrir de dépression ou de mourir de mort violente (en général de la main de leur mari). Les sociologues ont même donné un nom à ce phénomène, il s'agit du "déséquilibre du bénéfice conjugal".

Heureusement la situation évolue, pour que ce déséquilibre se réduise, il faut que la femme ait fait des études, gagne sa vie, se marie tard, ne fasse pas trop d'enfants et que son mari l'aide dans les tâches domestiques...

 

Sinon, je crois qu'il faut que je lise d'urgence "Transformer votre mariage en dix leçons : les experts du laboratoire de l'amour d'Amérique expliquent leurs stratégies pour consolider votre relation de couple" de John M. Gottman et Julie Schwartz-Gottman (qui forment un couple heureux). Ces deux chercheurs affirment qu'ils peuvent prédire dans 90% des cas, sans se tromper, si un couple sera encore marié cinq ans plus tard, uniquement en étudiant une conversation de quinze minutes !

 

Pour finir sur une note optimiste, je parlerai d'un passage que j'ai trouvé très beau sur l'intimité dans le couple.

L'auteure parle des "Villes invisibles" d'Italo Calvino où des marchands se réunissent dans une ville imaginaire, Eufemia, pour y échanger des marchandises mais surtout des histoires. Lorsqu'ils se retrouvent seuls, ils réalisent qu'ils ont réellement échangé leurs souvenirs. Elizabeth Gilbert note qu'il en est ainsi dans un couple, au fil du temps, des souvenirs échangés, les souvenirs de l'autre finissent par faire partie de nous.

 

 

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