Voici ma première participation à l'atelier d'écriture de Leiloona "Une photo, quelques mots". Le principe : écrire un texte libre à partir d'une photo.
crédit photo : Romaric Cazaux
Lorsque je rentre du travail, une photo m'attend sur la table basse. J'ai un coup au coeur. Irène... Pourquoi une simple photo me déchire-t-elle le coeur ?
Je contemple son visage radieux tandis qu'elle s'abandonnait dans mes bras le temps d'une danse. Elle était dans l'instant présent, dans la musique, "ça lui rentre dans la peau par le bas par le haut" comme dit si bien Edith Piaf. Et moi, dans tout ça ? Je n'étais pas dans l'instant présent. J'aimais cette fille, les moments que nous passions ensemble, des moments volés. Mais je devais en épouser une autre. Irène le savait mais voulait croire à notre histoire, à cet amour suffisamment fort selon elle pour triompher des conventions. Je me rappelle si bien de la douceur sans nom qui m'avait envahi lors de cette danse.
Le visage rayonnant d'Irène contraste violemment avec le souvenir que j'en ai gardé, son regard d'une tristesse infinie lorsque je trouvai enfin le courage de mettre un terme à notre histoire sans avenir, quelques mois seulement avant mon mariage. Et je l'avais aimée encore plus pour sa réaction digne, sans cris et sans reproches. Et puis j'avais tellement bien caché cette photo et enfoui son souvenir que j'avais fini par l'oublier. Je me demande comment ma femme l'a trouvée et ce qu'elle en a pensé. La laisser en évidence, comme une preuve, veut tout dire... Et ma prétendue fidélité m'apparaît soudain comme un masque.