crédit photo : Romaric Cazaux
Au lieu de nous réfugier dans la fraîcheur relative de la petite cour, point de mire de tous les regards, nous nous étions faufilés par la trappe du grenier des parents de Sara pour accéder au toit brûlant en tuiles. De là-haut, dans la chaleur aveuglante, la vie de l'immeuble nous parvenait, lointaine. Les fenêtres ouvertes laissaient s'échapper des bribes d'intimité : le son d'une clarinette, air répété sans relâche jusqu'à ce que ces quelques notes deviennent presque insoutenables, des éclats de voix, intonations chantantes, et, parfois, le silence. Des scènes inavouables nous venaient alors à l'esprit. C'est sur ce toit, crispés dans une position inconfortable, que nous avons échangé notre premier baiser avec Sara. Le parfum de sa bouche me revient. Je lève la tête pour regarder le toit, il me paraît moins pentu que dans mes souvenirs. Quelques gouttes annoncent le début d'une averse orageuse. Je reste planté là, tête vers le ciel. Je suis heureux d'avoir fait ce voyage dans le temps, rien n'a changé. Je ferme les yeux et je peux presque revivre mon premier baiser.
Atelier d'écriture proposé par Leiloona