crédit photo : Romaric Cazaux
Il y a des coïncidences qui sont tellement énormes qu'on a du mal à y croire.
Sara et moi ne nous parlions plus. Nos destinées avaient dérivé, l'intérêt réciproque avait sombré.
Je nous revois attablées devant un café dans sa cuisine menant une conversation laborieuse. La fin de l'amitié comme celle de l'amour est d'une tristesse infinie. Pas d'éclats de voix, pas de reproches acerbes mais le constat déprimant que nous n'avions plus rien à nous dire ni à partager.
Nous nous sommes quittées sans rien dire sur un sourire forcé, nous savions toutes les deux ce qu'il en était.
Le temps a passé. Les jours, les semaines, les saisons... Et les années. J'ai changé, enfin je pense... La lucidité sur soi-même est sans doute le plus grand défi de l'existence.
J'ai quitté mon mari que je n'aimais plus. Et surtout mon vieux moi qui me pesait. J'en ai découvert un plus léger, libéré du poids des conventions et des peurs. Je me suis acheté une petite Mini pour sillonner la région.
Si ce n'avait pas été une Mini je n'aurais sûrement pas jeté un coup d'oeil à son conducteur. Mais en croisant la jumelle de ma voiture, j'ai surtout croisé le regard de Sara, miroir de ma surprise. Sans rien dire, nous nous sommes garées sur le bas-côté et nous sommes allées boire un café dans un petit troquet. Tout notre passé de complicité, de rires et de soutien est revenu. Mais le plus étonnant, c'est que nous avions suivi des chemins parallèles. A soixante-dix ans, nous étions enfin détendues et sereines.
Atelier d'écriture proposé par Leiloona